OUI les meuniers avaient une mauvaise réputation en Bretagne, voleurs, coureurs de jupons, quelques fois même soupçonnés d'être être un peu sorciers. J’ai connu le meunier de Pont Quéau en Finistère, rebouteux fort apprécié. Il s'installait une fois par mois au milieu des bêtes sur le champ de foire de Quimper.
En Sud Finistère, pour moudre le grain, il y avait des moulins à vent mais surtout de nombreux moulins à eau. En 1845 il y avait 6 moulins à eau à Penhars.
Le meunier ? on ne pouvait pas se passer de lui. Les coutumes alimentaires sont demeurées les mêmes jusqu’à la Grande Guerre, et souvent jusqu’en 1939 dans nos campagnes.
Le meunier a souvent plusieurs activités : cultivateur, éleveur, tisserand, charpentier,
Le moulin fait partie du domaine congéable, il est loué au meunier.Le meunier loue une partie du pouvoir seigneurial ou de l’Eglise. Souvent dans le bail, il n’est pas question d’argent mais de payement en nature. Il faut attendre la Révolution pour qu’apparaissent des meuniers maîtres de leur moulin qu’ils ont souvent construit eux-même. Les années de sécheresse, les meuniers manquaient d’eau et avaient du mal à satisfaire leur clientèle. S’il avaient dans leur famille un meunier de moulin à vent pour les dépanner, celui-ci était le bienvenu.
Le métier de meunier s’est perdu quand après1921, sont venus les moulins concasseurs marchant au moteur.
Beaucoup de moulins de la région de Quimper n’existent plus et se sont progressivement effacés des mémoires : Moulin de St Denis, de Meil ar Poul, des Couteux etc… comme le moulin de l’évêque, dont les trois roues chevauchaient l’Odet
Le moulin de Toulgoat en Penhars, sur le ruisseau de Kermabeuzen, face au manoir de Prad ar Raz,
Au temps de la Royauté, la Loi stipulait :
Un contrôle régulier des poids utilisés par les meuniers avait dû être institué, mais ces dérèglements, voire ces fraudes, n’entraînaient pas l’exécution du meunier pris en délit !!
En 1774 l’évêque de Léon s’inquiéta de l’augmentation de la misère dans son diocèse. Il envoya un questionnaire à tous ses recteurs et une des causes de la mendicité dans leur paroisse, relevée par ceux ci fut : l’”exigence des meuniers , qui, par l’injustice la plus noire, vendent aux malheureux dépourvus d’argent, souvent au prix dicté et fixé par leurs besoins et leur avarice” (recteuR de Kernilis).
Dans les Cahiers de Doléance, à l’aube de la Révolution, à Plouvorn on écrit : “Quoi de plus odieux et de plus injuste que de se voir assujetti à un meunier incapable et qui, au lieu du seizième à luy accordé par la Coutume de Bretagne, nous enlève un huitième et quelques fois davantage et encore mal moudre”