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Mes meuniers en Bretagne

Ma plus ancienne photo de Marie Jeanne BOHIC, ma dernière meunière.



GENERALITES SUR LES MEUNIERS -

OUI les meuniers avaient une mauvaise réputation en Bretagne, voleurs, coureurs de jupons, quelques fois même soupçonnés d'être être un peu sorciers. J’ai connu le meunier de Pont Quéau en Finistère, rebouteux fort apprécié. Il s'installait une fois par mois au milieu des bêtes sur le champ de foire de Quimper.

meunier_rebouteux
Il m’a fait asseoir sur un tas de paille et en quelques secondes, il a remis en place ma cheville qu’une « masseuse » s’évertuait à réduire depuis une semaine, douloureusement pour moi et « sans résultat » comme dans l’histoire de Hervé LOSSEC.


En Sud Finistère, pour moudre le grain, il y avait des moulins à vent mais surtout de nombreux moulins à eau. En 1845 il y avait 6 moulins à eau à Penhars.


Le meunier ? on ne pouvait pas se passer de lui. Les coutumes alimentaires sont demeurées les mêmes jusqu’à la Grande Guerre, et souvent jusqu’en 1939 dans nos campagnes.

meunier
Elles impliquaient, pour les hommes comme pour les bêtes, l’utilisation d’une base incontournable : la farine, quelle soit de froment, de seigle ou d’orge, ou encore de sarrasin pour les galettes.. Qui dit farine dit meunier.


Le meunier a souvent plusieurs activités : cultivateur, éleveur, tisserand, charpentier,

meunier_fermier
chasseur, pêcheur, il a des ruches, fait du cidre etc… Tous les 3 ou 4 ans, les meuniers devaient prévoir une nouvelle charrette ou en changer les roues. La plupart des chemins étaient mauvais, cahoteux. Ils devaient souvent engager un commis pour le transport. En principe il y avait une tournée hebdomadaire, dans chaque ferme pour prendre le grain et retourner la farine.


Le moulin fait partie du domaine congéable, il est loué au meunier.Le meunier loue une partie du pouvoir seigneurial ou de l’Eglise. Souvent dans le bail, il n’est pas question d’argent mais de payement en nature. Il faut attendre la Révolution pour qu’apparaissent des meuniers maîtres de leur moulin qu’ils ont souvent construit eux-même. Les années de sécheresse, les meuniers manquaient d’eau et avaient du mal à satisfaire leur clientèle. S’il avaient dans leur famille un meunier de moulin à vent pour les dépanner, celui-ci était le bienvenu.


Le métier de meunier s’est perdu quand après1921, sont venus les moulins concasseurs marchant au moteur.

moulin003
Beaucoup de fermes s’en sont équipées c’était autant de clients en moins pour les meuniers et beaucoup cessèrent leur activité à défaut de clients. Ceux qui subsistèrent durent se convertir un peu en commerçants, en vendant aussi des aliments pour le bétail.


Beaucoup de moulins de la région de Quimper n’existent plus et se sont progressivement effacés des mémoires : Moulin de St Denis, de Meil ar Poul, des Couteux etc… comme le moulin de l’évêque, dont les trois roues chevauchaient l’Odet

moulin_eveque_quimper
tout à côté de la cathédrale, près de l’actuel pont Ste Catherine et dont le meunier portait le nom de Mathieu LE BIGUOT , meunier, demeurant au moulins de l’évêché, peut être à rapprocher de mon patronyme : LE BIGON, attesté en janvier1636 à la suite d’une réparation de la grande roue du moulin.



Le moulin de Toulgoat en Penhars, sur le ruisseau de Kermabeuzen, face au manoir de Prad ar Raz,

toulgoat Cassini
que je mentionne dans ma généalogie des BOHIC, a lui aussi disparu, englouti vers 1968, par une énorme carrière. Dans les recensements, je ne retrouve trace de ce moulin, que jusqu’en 1911 ou il était encore en action.



LES MEUNIERS ET LA LOI


Au temps de la Royauté, la Loi stipulait :

moulin002
“Les meuniers doivent rendre la farine des grains apportés à moudre en leur moulin, au même poids sans exiger ou prendre plus que le seizième suivant la Coutume de cette province,
interieur de moulin
et de mettre les dites farines en lieux humides pour augmenter le poids, sous peine de sanctions corporelles & cinquante livres d’amende.


Un contrôle régulier des poids utilisés par les meuniers avait dû être institué, mais ces dérèglements, voire ces fraudes, n’entraînaient pas l’exécution du meunier pris en délit !!


En 1774 l’évêque de Léon s’inquiéta de l’augmentation de la misère dans son diocèse. Il envoya un questionnaire à tous ses recteurs et une des causes de la mendicité dans leur paroisse, relevée par ceux ci fut : l’”exigence des meuniers , qui, par l’injustice la plus noire, vendent aux malheureux dépourvus d’argent, souvent au prix dicté et fixé par leurs besoins et leur avarice” (recteuR de Kernilis).


Dans les Cahiers de Doléance, à l’aube de la Révolution, à Plouvorn on écrit : “Quoi de plus odieux et de plus injuste que de se voir assujetti à un meunier incapable et qui, au lieu du seizième à luy accordé par la Coutume de Bretagne, nous enlève un huitième et quelques fois davantage et encore mal moudre”

mécanique
ou encore on demande : “que l’assujettissement aux moulins banaux soit aboli. Ce droit, extrêmement fâcheux et grevant tant par les vexations que commettent trop souvent les meuniers que par l’altération des farines pour en augmenter le poids, offrant au surplus de payer aux seigneurs, pour indemniser une somme par ménage, soit de 10 ou 20 sous par an ….”