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JULES BONNOT EN BRETAGNE


voici une carte de Plouescat, située sur le littoral nord du Finistère (Penn ar Bed = fin de la terre). C'est une station balnéaire de l'arrondissement de Morlaix, sur la Côte des Légendes, à la limite du pays Pagan

carte_plouescat

Ayant des ascendants en commun avec Jules BONNOT, je me suis procuré le maximum d'écrits ou DVD de films relatant la vie de celui-ci mais je n'avais jamais trouvé trace d'un séjour de sa bande en Bretagne, à Plouescat, pays Léon.


En novembre 2006, Gwenole LE MENN m'indique qu'il possède un livre en breton pour enfants, de ABEOZENN, nom d'auteur de Fanch HELIES, dont le titre en breton est : « BISOUSIG KAZH an TEVEN », traduction : « Bizouzig chat de la falaise ». Ce livre contient une quarantaine de pages et fut édité en 1954. Gwenole m'adressa le chapitre qui concerne le séjour de la Bande à BONNOT, qui fait 3 pages de ce livre,et j'en ai demandé la traduction à Mona MAZE BAUDET .


C'est une partie du chapitre 24, dont le titre est « SAIG ha BOLO-PACHA »,que vous trouverez plus loin. (Si ce texte en breton vous intéresse, contactez moi, je vous l'adresserai).Peu après j'ai téléphoné à Gildas HELIES, fils de Fanch HELIES , pour lui demander ce qu'il connaissait de cette histoire : « Moi je ne connais pas mais c'est ma mère qui a connu cela. ».

DEBUT TEXTE EN BRETON : « Ur wech diblusket ganto o chidretez ha digoret al legestr d'e douchañ e tammou, e teuas muioc'h a varvailh gant an dud ».......etc.


TRADUCTION : «  Une fois qu'ils ont eu épluché leurs crevettes et ouvert la langouste pour la couper en morceaux,.... moi j'étais en train de lécher l'arrière de la langouste quand j'entendis le curé dire à Saïg : Comme vous avez sorti de la mer des choses sans valeur, non je ne parle pas de ce vin de naufrage ni de ce « laouig » (sans doute le nom donné à de l'alcool), damné, qui a fini de cuire l'intérieur de mon cousin Job de la petite palud, ni de ces morceaux de bois sans valeur que vous ramassiez après les tempêtes, ce n'est pas de cela que je veux parler... jamais vous n'avez trouvé, à marée basse, coincé entre deux rochers, un d'or. C'est décevant quand on pense à tous les trésors qui ont été avalés par la mer.

Saïg, qui avait allumé sa pipe et dont la langue avait été un petit peu déliée par le vin doux qu'ils venaient de boire, dit avec un sourire e coin : « je n'ai pas trouvé d'or dans la mer, non, c'est vrai, mais j'ai vu une grosse caisse d'or pas loin d'ici ».

« Ce n'est pas possible tonton Saïg » dit le curé qui était heureux de faire parler Saïg qui était habituellement taiseux.

« Si » dit Saïg c'est l'or de Bolo Pacha.

vous avez connu Bolo Pacha ? , celui qui a été condamné à mort dans les années … je crois ? »

« Je ne connaissais pas son nom à ce moment là. C'est depuis que je l'ai appris » dit Saïg en tirant la fumée de sa pipe, « Dans ces années là, les Kintiniz près d'ici, ne venaient pas en été dans leur villa. Leur fils avait un problème de poumons... ils louaient donc la maison à des gens qui venaient de l'extérieur qui changeaient tous les ans. »

« C'est dans les années 15 je crois, que vinrent ici, avec une voiture, de Morlaix, une bande de gens bizarres dont je n'avais jamais vu les pareils. Les hommes étaient entre deux âges, ni vieux, ni jeunes, ni beaux ni vilains. C'était des gens sympa, pas du tout regardant sur les pourboires quand j'allais leur proposer des poissons. Il y avait aussi trois jeunes et belles femmes, habillées comme des garçons la plupart du temps lorsqu'elles sortaient, avec des bottes comme les gens qui vont à cheval. Elles allaient nager tous les jours, matin et soir et, pour aller plus vite à l'eau, au lieu de passer par la porte qui ouvre sur la route de Porzh ar Straed, elles sautaient par dessus la barrière qui se trouve entre le jardin et la route pour voitures, au bord de la falaise. »


« Oui, Monsieur le Curé, c'est comme cela qu'elles faisaient. Elles n'hésitaient pas plus que je vous le dit. Une petite secousse sur leurs bras et hop, elles sautaient par dessus le mur et elles se ramassaient sur les pieds, comme des chats. Bisousig ici ne pouvait pas faire mieux. J'ai entendu dire depuis au bourg que ces trois filles agiles étaient d'un grand cirque. Elles nageaient comme des poissons et ne s'inquiétaient ni des rochers, ni des courants. Elles allaient souvent faire un petit tour à Brest et revenaient avec des cageots de toute sorte de choses, des douceurs, des fanfreluches. »


« Môn et moi étions toujours autour de la maison et elles de faire la vaisselle ou la lessive, nettoyer des poissons ou faire tout autre chose, dans la cour. »  Un jour, je rentrais dans la salle. J'avais frappé avant. Probablement ils ne pensaient pas que c'était moi qui entrais ou ils n'avaient pas entendu. Il n'y avait que des hommes. Ils étaient assis tous les trois autour de la table : deux d'entre eux en train de ranger et de compter des rouleaux de pièces d'or au fur et à mesure qu'il autre, le plus vieux, les sortait d'une valise en cuir , à ses pieds. Moi, je n'avait jamais vu d'autres pièces d'or que de 10 ou 20 francs. Là sur la table, il y en avait de plus grandes, de 100 francs je crois. Je n'en avait jamais vu autant et même je n'aurai jamais cru si je ne l'avais vu avec mes yeux, que quelqu'un pouvait avoir une telle quantité d'or.. »


«Je sentis, dès que je fus entré, qu'ils étaient ennuyés de me voir. Moi je faisais semblant de ne rien voir et je leur proposais mes poissons, des lieus, si je me souviens bien. Ils furent reçus comme d'habitude et je n'eus qu'à les mettre à la cuisine. Et moi de repartir avec mon argent qu'on m'avait remis et bu le coup de vin que l'on me versait à chaque fois. Je ne suis pas allé raconter à quiconque ce que j'avais vu ce jour là. »....


« Les hommes et les filles partirent peu après, avant la fin de l'été. Je ne pensais plus à eux ni à leur or quand quelqu'un vint un jour me voir.

Il venait  de Morlaix d'après ce qu'il disait. A ce que j'ai compris, il était de la police mais de ceux qui sont habillés comme tout le monde et dont on ne se méfie pas. Il m'expliquait qu'il faisait des recherches contre un homme appelé Bolo Pacha et qu'il cherchait des témoins pour dire qu'ils l'avaient vu ici, à tel moment. D'après ce qu'il me dit sur cette personne, sa façon d'être, etc... je voyais clairement que c'était le plus âgé des hommes qui avaient passé l'été ici, et que c'était lui Bolo Pacha. »


« Vous n'aviez pas tellement envie Saïg d'aller devant la justice » dit le curé en rallument une autre pipe.


« Pas du tout » dit Saïg « moins on va autour de la police et des juges et mieux c'est. En plus, ce Bolo là ne m'avait jamais fait de mal, au contraire. Je ne savais pas d'où venait son or mais il se départait de son argent plus facilement que ceux-ci « : et il montrait du pied de sa pipe la maison des Kintiniz.... ou de ceux là … et il se tourna vers la maison des Barzhig.


Un moment plus tard, le curé partit sur son vélo.......


OBSERVATIONS : A Plouescat, on parle d'un trésor qui aurait été enfoui dans la dune par la Bande à Bonnot, mais personne, à ce jour, n'a rien trouvé. La compagne de MEDGE, membre de la Bande à BONNOT était Barbe LE CLEC'H ; il ne serait donc pas étonnant que Jules, d'origine Franc-Comtoise, ait eu connaissance d'un lieu en Bretagne et plus précisément en finistère nord, pour se « mettre au vert ».Génenanet indique des LE CLEC'H en finistère nord à Locquirec, Plougasnou, Guimaec, St Jean du Doigt, Lanmeur etc...

Pourquoi l'appellation « Bolo Pacha » ? je n'en connais pas la raison.